Hommage de toute l'Europe aux six millions de morts de l'Holocauste
AFP 27.01.2006 - 17:09
Soixante-et-un ans après la libération du camp nazi d'Auschwitz, toute l'Europe a solennellement marqué vendredi le souvenir des six millions de Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'occasion de la première Journée internationale de l'Holocauste.
Plusieurs centaines de survivants se sont rassemblés par une température glaciale à Birkenau, l'usine de la mort du complexe d'Auschwitz.
Selon les historiens, un million de Juifs et quelque 130.000 autres personnes y ont été assassinés entre 1942 et le début 1945, dans des chambres à gaz en grande majorité.
"Auschwitz est le plus grand cimetière européen où il n'y a pas de tombes. Il est d'autant plus important de garder la mémoire de ce qui s'est passé ici (...), de la garder pour les prochaines générations, en hommage aux victimes et comme un avertissement à un monde toujours empli de haine et d'agression", a déclaré sur place le Premier ministre polonais Kazimierz Marcinkiewicz.
"Le souvenir est la meilleure riposte face à ceux qui affirment que l'Holocauste est une invention ou une exagération", a plaidé de son côté le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, dans un message remis à la presse à Genève.
La première journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste, instituée par les Nations unies en novembre, survient en effet au moment où l'Iran s'est lancé dans une entreprise de négation de l'Holocauste. Son président, Mahmoud Ahmadinejad, a parlé d'un "mythe du massacre des Juifs".
A Berlin, l'ancienne capitale du Reich d'Adolf Hitler où les nazis décidèrent en janvier 1942 de tuer la totalité des Juifs d'Europe, l'ensemble de la classe politique allemande s'est recueillie vendredi au Bundestag, la chambre basse du Parlement.
"Les dernières semaines nous ont montré à quel point nous avons besoin de cette commémoration, pas seulement nous les Allemands", a déclaré Norbert Lammert, le président conservateur du Bundestag.
A Varsovie, un tramway historique, identique à ceux qui roulaient dans le ghetto de Varsovie entre 1940 et 1943 avec son étoile de David au lieu du numéro, a sillonné les rues de la ville.
"C'est un tramway dans lequel personne ne monte et dont personne ne descend. Il doit rappeler le souvenir du peuple juif disparu", a expliqué Golda Tancer, de la fondation Shalom, initiatrice de ce projet inédit.
La puissante Eglise catholique polonaise a pour sa part appelé tous les Polonais à allumer une bougie à leur fenêtre vendredi à 16H00 (15H00 GMT) à la mémoire des morts de l'Holocauste.
En Estonie, un pays balte envahi par l'Allemagne en 1941, le gouvernement a publié jeudi soir une déclaration pour "regretter" que des Estoniens aient participé au massacre des quelque 10.000 Juifs du pays aux côtés des occupants nazis.
En Lituanie, une cérémonie a eu lieu au camp nazi de Paneriai, où quelque 100.000 personnes, en grande majorité des Juifs, ont été tués.
A Belgrade, où environ 5.000 Juifs et Tziganes ont été tués dans le camp de Topovske supe, le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a inauguré un monument à la mémoire des victimes.
"Nous devons lutter contre toute sorte d'intolérance, de ségrégation raciale, religieuse ou nationale et toute sorte d'exclusion", a souligné M. Kostunica, dont le pays a participé dans les années 1990 à une guerre civile dans l'ancienne Yougoslavie.
Des cérémonies officielles ont également eu lieu à Prague, Madrid, Stockholm, Oslo ou encore Helsinki.
A Budapest, les principaux responsables politiques ont regardé au Parlement des extraits du film hongrois "Sans destin", fondé sur la vie d'Imre Kertesz, prix Nobel de littérature, qui a survécu aux camps de la mort.
En Italie, le ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini a présenté un livre avec la liste des quelque 400 Italiens à qui l'institut israélien Yad Vashem a attribué le titre de "Justes parmi les nations" pour avoir sauvé des Juifs au péril de leur vie.