Le danger vient de ceux qui ne croient en rien

André Comte-Sponville est philosophe. Il n'est pas enfermé dans sa tour d'ivoire. A 53 ans, il a connu le succès international avec son «Petit traité des grandes vertus» publié en 1995, vendu à 300000 exemplaires en français et traduit en 24 langues. Il va parler dans les entreprises. Dialogue, en tant qu'athée, avec des philosophes chrétiens. Et se frotte aux sujets les plus divers. Il pose un regard sans complaisance sur les idées qui ont traversé l'année 2005 et qui dessinent l'avenir.

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Le Temps: 2005, reportages truqués, manipulations politiques, débats sans issue sur l’origine naturelle ou divine de l’homme. Etait-ce l’année du mensonge?

Abdré Comte-Sponville: «Il y a un retour du religieux sur la scène intellectuelle, sur la scène médiatique et sans doute dans le grand public.» (DR)

André Comte-Sponville: Le philosophe que je suis est au contraire frappé par le fait que nous sommes en train de redécouvrir l’idée de vérité. Le mensonge vous choque: c’est bon signe! Il y a une trentaine d’années, il était de bon ton de penser qu’il n’y a pas de vérité. «Rien n’est vrai, tout est permis», disait Nietzsche, et il régnait en maître, ces années-là, sur la pensée française. C’est ce que j’appelle la sophistique et le nihilisme. La sophistique, parce que si rien n’est vrai, il n’est pas vrai que rien ne soit vrai. On peut penser n’importe quoi. Le nihilisme, parce que si tout est permis, tout se vaut et rien ne vaut. On découvre les limites de ces idées qui passaient pour modernes. Car si rien n’est vrai, il n’y a rien à reprocher à un journaliste qui truque son reportage, ni à Bush quand il dit qu’il y a des armes de destruction massive en Irak alors qu’il n’y en a pas.

– L’idée de vérité serait donc de retour?
– Oui, et c’est heureux! La liberté a besoin de l’idée de vérité. On ne connaît jamais toute la vérité; mais on ne peut être libre que «sous la norme de l’idée vraie donnée», comme dit Spinoza, ou possible, comme je préférerais dire. On perçoit depuis plusieurs années les limites de la sophistique et du nihilisme. On redécouvre que la première vertu d’un intellectuel (et l’une des principales vertus d’un être humain) est l’amour de la vérité.

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Gimdolf_Fleurdelune a écrit:

«Rien n’est vrai, tout est permis», disait Nietzsche

Primo : où Nietzsche a-t-il dit cela ?

Secundo : qu'est-ce qui permet de résumer ce texte sous ce titre absurde qui laisse entendre que ni les Torquemada ni les talibans ne sont des gens dangereux ?

Justement, les nihilistes et les incroyants peuvent-être tout aussi dangereux que les intégristes les plus radicaux.

Hitler, Pol Pot et Staline étaient athées ...

Ton titre parle de ne croire en rien et non d'avoir une idéologie...